12 novembre 2009
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Je me demande bien qui a voulu à toute force convaincre les entrepreneurs qu'une étude de marché reposait sur un questionnaire ! Ici ou là sur Internet on voit fleurir ces messages nous demandant de répondre à des questions essentielles comme: "Combien de chats avez-vous ?", "Quel budget mettez-vous dans votre jardinage ?" ou encore "Qui fait vos courses au supermarché ?". Les internautes en recherche d'information sur leur future entreprise se transforment en sondeurs de nos vies quotidiennes. Honnêtement je ne pense pas que le dépouillement des 30 ou 50 réponses qu'ils obtiendront leur soit d'une grande utilité, mais:
- quelqu'un leur a dit qu'il fallait faire une étude marché pour lancer leur entreprise,
- ils ont besoin d'être rassurés sur la pertinence de leur idée,
- tout le monde le fait.
C'est vrai que lorsqu'on est dans le brouillard de la création d'entreprise, on ne sait pas trop à quoi se raccrocher avant de se lancer dans le vide. Un message rassurant serait utile, du genre: "75% des personnes consultées sont intéressées par vos services. Go !". J'en parle avec un soupçon d'ironie mais sans mépris, ayant moi-même connu ce stade d'incertitude au moment de créer Mecadyn. J'ai même été tenté de confier une "étude de marché" à une école de commerce. Finalement je ne l'ai pas fait et je ne le regrette pas, maintenant persuadé que cela ne m'aurait pas servi à grand chose. Pourquoi ?
Commençons par le fameux questionnaire. Il n'a à mon avis aucune utilité lorsqu'on aborde un marché professionnel, tout du moins pas dans la forme classique du sondage. Récolter des réponses est déjà difficile, les exploiter encore plus. Au mieux cela vous confortera dans vos idées premières : "Bon, mon activité rencontre un certain intérêt dans la population industrielle visée", c'est toujours ça... La seule raison d'être d'un "questionnaire" en direction des entreprises est l'action commerciale, pratiquement quand l'activité est lancée et qu'il n'y a plus qu'à trouver des clients. Et encore faut-il qu'il soit suffisamment ouvert pour ne pas se retrouver vite bloqué dans la prospection. Mais bon, là on aborde un autre sujet, celui du marketing et du commerce, nous en reparlerons.
Qu'en est-il du questionnaire auprès des particuliers ? Franchement, je n'en vois l'utilité que lorsque l'idée est particulièrement innovante, quasiment inédite et qu'on veut sonder l'opinion à ce sujet. Et encore, j'ai l'impression que les gens qui se lancent sur des créneaux encore inexploités le font surtout au feeling, avec beaucoup de culot et d'énergie (je pense par exemple à ce gars qui s'est lancé le premier dans la livraison de Paëlla à domicile, activité pratiquement inexistante il y a 10 ans et aujourd'hui très développée un peu partout en France). Je ne suis pas spécialiste de la question, mais il doit sûrement y avoir une grande part de flair là-dedans. Ceux qui arrivent avec leurs questionnaires ont déjà une décennie de retard. C'est la même chose pour l'ensemble des services à la personne, travaux à domicile, petits boulots. Mis à part un petit questionnaire auprès de ses voisins ou de ses amis pour voir s'il y a encore un créneau dans le secteur géographique, je ne vois pas trop l'intérêt d'un sondage. Et encore moins sur Internet où les réponses vont venir de partout, d'une grande ville, de la campagne, de Belgique, du Québec,... Sinon, ça peut servir aussi à faire des jolis camemberts dans un rapport:
Non, l'étude de marché, si on décortique les mots c'est tout autre chose:
- le "marché": qui est concerné par l'activité que je veux lancer ? quel potentiel en terme de chiffre d'affaire cela représente (au niveau national, régional, local) ? qui sont les concurrents sur ce secteur ? comment travaillent-ils ? où sont ils ? quels sont leurs prix ? leur clientèle ?
- l' "étude": pour répondre aux questions ci-dessus, il faut utiliser toutes les sources possibles d'information. En premier lieu: sa propre expérience (j'ai la vague impression qu'une personne qui ne connaît strictement rien au secteur d'activité qu'elle veut créer n'a aucune chance de réussir). Ensuite: un peu d'espionnage, d'enquête sur le terrain (le seul moment où on peut éventuellement pratiquer la technique du questionnaire), de récolte d'informations auprès des organismes concernés (CCI, CMA,...), de recherche documentaire (c'est fou ce qu'on peut trouver aujourd'hui comme bases de données sur le Net, par exemple en consultant le site de l'INSEE ou en visitant les sites des concurrents).
De ce point de vue, l'approche proposée par l'APCE (Agence pour la création d'entreprise) est excellente. J'encourage ceux qui ont envie d'en savoir plus à lire attentivement cette page:
Et pour tous ceux qui veulent échanger sur leur propre expérience d'entrepreneuriat ou obtenir des informations pertinentes sur la création d'entreprise, un seul site, celui de Gautier Girard: http://www.gautier-girard.com/