25 janvier 2009
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Comme c'est à la mode en ce moment, je m'en vais vous faire un p'tit article sur le fameux statut de l'auto-entrepreneur.
Ah que voilà un mot savamment construit ! Bien dans l'esprit de notre époque: avec leur auto-entreprise les gens vont pouvoir s'auto-alimenter, s'auto-développer, s'auto-suffire; ne me dites pas
s'auto-détruire, ce serait du mauvais esprit, m'enfin ! Non, auto comme 'je le fais moi-même' (ze self made man), auto comme automatique (c'est tout simple, yaka quiqué là).
Le nouveau statut est présenté partout comme une avancée vers le libre entrepreneuriat, la création d'entreprise à la portée de tous. En fait, si on analyse bien les possibilités, on se rend vite
compte que le système est essentiellement fait pour ceux qui ont déjà un boulot, sont étudiants ou à la retraite, et qui souhaitent avoir une petite activité complémentaire (ou qui l'ont déjà
mais veulent la régulariser, comme les ventes sur e-bay par exemple). Mais c'est pas vraiment fait pour ceux qui veulent vivre des revenus de leur entreprise. Le chiffre d'affaires autorisé est
très limité, on ne peut déduire aucune charge, ni récupérer de TVA et les cotisations sociales réduites ne permettent pas d'envisager de bons remboursements de soins ni une grosse retraite. Sur
ce dernier point - la retraite - aucune information n'est pour le moment disponible sur les droits qui seront acquis avec le système d'auto-entrepreneur. Ce sera la surprise, comme au Loto...
Les chambres des métiers râlent parce qu'elles pensent que vont se trouver sur le marché une armée pléthorique d'artisans non référencés venant concurrencer des professionnels aux activités bien
réglementées. Qu'elles se rassurent ! Ce n'est jamais qu'un moyen pour l'État de récupérer des cotisations sociales qui lui échappent, et non la proclamation de la fin de l'artisanat et du
commerce standards. Le président de l'APCE ne l'a
d'ailleurs pas caché au moment où a été présenté le nouveau dispositif: la simplicité du système permet de donner un cadre légal et un statut social aux petits boulots qui jusqu'à présent se
faisaient au noir. J'ajouterai que si on s'attend à un boum lors des 10 prochaines années dans le domaine des services à la personne, ce ne sera pas grace au statut d'auto-entrepreneur mais parce
que de plus en plus de salariés, de chômeurs ou de retraités seront obligés de compléter leurs revenus par des petits boulots. Dur constat quand même !
Bon, restons sur une note positive: le système permet aussi de tester facilement une activité d'indépendant que l'on souhaite ensuite pérenniser. En cela il faut quand même reconnaître que le
nouveau statut fera la part belle aux sociétés de portage, aux agences d'étude à la création et autres experts comptables officieux, qui se nourrissaient jusqu'à présent pas mal sur cette carence
de l'État. Ne payer des cotisations que lorsqu'il y a des recettes et presque en temps réel, c'est quand même une petite révolution. De mon point de vue, une fois l'activité testée, il faut quand
même vite choisir: soit le monde du salariat avec lequel on sait où l'on va sans trop de risques, soit l'entreprise réelle qui permet de dégager du profit et de vivre de son activité.
Alors, vive l'auto-entreprise pour se mettre à son compte facilement ! Mais pas pour devenir les auto-précaires du futur !